Gaudeamus Igitur, Réjouissons-nous!

Le Musée des Rites Etudiants et du Bizutage

#02 Vade Bononiam vel Parisii

La proto université

La plus grande difficulté à rechercher des traces de rites étudiants, c’est que bien souvent ceux-ci ne sont pas décrits, ou parfois à peine esquissés. Les datations s’étendent tout au long de la période passant de la proto université (goliards) à la révolution française (fin du royaume de la Bazoche). Aussi, nous ne sommes pas à mêmes de déterminer jusqu’à présent de la période de commencement de ceux-ci.

Le premier des rites recensés est celui du voyage, puisque l’étudiant se rendait dans une université ou dans une autre selon ses affinités ou ses ressources. Ainsi, Bologne et Paris étaient considérées comme les deux principales universités.

« Vers Bologne se dirigeaient les futurs juristes; tandis que Paris attirait les théologiens, les philosophes, ceux que l’on nommait les artistes. Les médecins gagnaient Salerne et Montpellier. Salamanque était réputée pour l’enseignement de la musique; Orléans, pour l’explication des auteurs… »

[i]

Fac-similé d’un extrait des Carmina Burana, écrit goliardique dans toute sa splendeur.

Les étudiants qui se revendiquèrent Goliards vivaient à l’époque du professeur Pierre Abélard (1079 – 1142), c’est à dire une centaine d’années avant la reconnaissance des universités. Réputés poètes licencieux, bateleurs, voyageurs et ripailleurs. On les connaît autant à Bologne, dont les traditions se revendiquent toujours goliardiques, qu’à Paris qu’ils tenaient pour la rose du monde!

«  Paradisius mundi Parisius, mundi rosa, balsamum orbis. »

[ii]

La mobilité des étudiants s’est développée jusqu’au milieu du XVIIe siècle.

«  À côté des études poursuivies, le voyage lui-même, expérience existentielle, occasion de visite à des sites célèbres et d’initiation à la sociabilité littéraire ou aristocratique, était investi d’une valeur éducative propre. Il prend souvent,par la suite, l’allure d’un « grand tour » plus ou moins complexe au cours duquel le jeune étudiant visitait successivement plusieurs universités et prenait ses grades sur le chemin du retour, souvent dans une université complaisante quant au niveau réel de qualification. »

[iii]

Il est donc assez notoire de constater que l’ouverture d’esprit du siècle des lumières entraîne en effet pervers se faisant sentir au niveau de la qualité de la connaissance.

De nos jours, ce rite du voyage est toujours présent, de façon dénaturé.

En effet, les étudiants ne voyagent plus tant durant leurs études, quoiqu’en France il n’est pas rare de commencer un cursus par exemple à Lille et de l’achever à Paris ou ailleurs.

Mais les étudiants voyagent. Certains par le système Erasmus qui leur permet de suivre pour un temps leur scolarité dans un pays étranger, soit encore par les réseaux associatifs qui se fédèrent et se réunissent les uns chez les autres, soit tout simplement par un traditionnel voyage au ski proposé par l’association corporative des facultés.

CRIT médecine d’Hiver 2004, quand l’ensemble des carabins de France se réunissent entre-eux pour une folle semaine. [iv]

Les critériums sont des prétextes à réunir les étudiants d’une filière durant une semaine dans un même lieu, sous prétexte de compétition sportive.

CRIT médecine d’hiver 2009, un carabin faluchard sur des skis.

Nous retrouvons sous cette cause un fil ténu avec les rites étudiants de la Grèce Antique pour qui le sport devait autant préparer le physique de l’humain que la connaissance lui apportait des bases pour atteindre la sagesse.

Ainsi, les critériums sont ce qui doit se rapprocher le plus de l’esprit des goliards, mais aussi de celui des bacchanales. Chants, musiques, grivoiseries, boissons alcoolisées, danses, et sexualité libre.


Sources :

[i] Augustin Cabanès : Mœurs intimes du passé…. Série 4 La vie d’étudiant / docteur Cabanès, Paris, Albin Michel éditeur, 1908-1936,  484 pages

[ii] Jacques Le Goff, Les intellectuels au Moyen Âge, éditions du Seuil, 2000, ISBN 978-2-7578-3995-9

[iii] Christophe Charle, Jacques Verger, Histoire des universités XIIe – XXIe siècle, Presses Universitaires de France, collection Quadrige manuels, 334 pages, 2012, ISBN 978-2-13-058813-9

[iv] http://fanfarelafrontale.blogspot.com/2006/08/crit-mdecine-2004.html


Publicité




%d blogueurs aiment cette page :