#05 De l’occurrence de Dionysos à travers les rites étudiants
Déméter et Bacchus étaient les deux divinités les plus proches de l’humain, les deux plus puissantes aussi. Elles sont les deux divinités principales en charge de la terre. Elles sont les deux déités les plus favorables à l’humanité.
Le pouvoir divin faisant germer les semences est par nature féminin, celui de la semence est masculin.
Déméter est
aussi l’ainée, puisque le blé fut récolté bien avant la vigne.
L’histoire de Déméter est inextricable de celle de sa fille Perséphone.
Perséphone
est une jeune déesse qui, un jour qu’elle s’était éloignée de ses congénères
pour cueillir ces fleurs nommées Narcisses, elle fut enlevée par Hadès, le roi
des Enfers.
Déméter ne voyant plus sa fille revenir, se renseigna partout, mais personne ne
lui expliqua ce qui s’était produit. Ce fut finalement Hélios, le soleil, qui l’informa
que Perséphone se trouvait au royaume d’Hadès.
Déméter cessa ses bienfaits à la terre qui devint stérile, rongée par le chagrin de la déesse.
A ce point du récit, l’histoire varie selon les versions.

Dans la première version, Déméter quitta l’Olympe et se mêla incognito aux humains. Un jour où fatiguée de chercher elle s’assit sur le perron d’un puit de pierre dans le village d’Éleusis, elle fut rejointe par quatre jeunes filles qui l’invitèrent chez elles. La mère des filles offrit du vin de miel, mais la déesse le refusa. Elle n’accepta que de l’eau d’orge parfumée de menthe. Puis, Déméter, sans se révéler, donna le sein au fils de la maison, mais aussi voulu le libérer de la vieillesse et de la mort. Pour cela, elle le plaçait la nuit dans l’âtre de la maison. Une nuit, surprise à commettre cet acte, elle se justifia par une épiphanie. Pour retrouver les bonnes grâces de Déméter, le village dût lui construire un temple dans lequel elle résida. Concernant Perséphone, il fallut l’entremise de plusieurs dieux pour la libérer. Voyant que Déméter ne cèderait pas jusqu’à ce qu’elle retrouve sa fille, il dut ordonner à Hadès de libérer Perséphone. Mais celle-ci avait mangé aux enfers un grain de grenade, ce qui la contraint à y retourner épisodiquement. L’attitude de Perséphone envers Hadès possède une variable entre sa présence volontaire ou non aux côtés de son époux, selon que l’on entende son viol comme l’enlèvement d’une belle par un amant qui va l’épouser, ou selon l’entendement du XXIème siècle.
Cette histoire de vie/mort/vie est différente de celle de Dionysos. Elle est orientée vers la maternité, et du désir irrépressible pour une mère de sauver ses enfants. Elle est autant celle de la jeune fille insouciante, quittant la quiétude de la famille pour se projeter dans la vie d’épouse. Ce pas peut sembler terrifiant comme le royaume d’Hadès, mais elle y tient le rôle de reine. C’est aussi la révélation du besoin des liens entre la jeune fille et sa mère.
Déméter était célébrée dans le culte à Mystères d’Éleusis, dont nous connaissons peu de choses. C’est un culte évoquant la germination des semences et la fertilité, mais aussi la mort qui permet de renaître.

Bacchus fut concélébré à Éleusis plus tardivement, car son culte évoque les mêmes aspects. Ce sont deux déités souffrantes pour reprendre les termes d’Édith Hamilton. Déméter pleure le rapt de sa fille Perséphone, et Bacchus le deuil d’Ampélos. Le culte de Déméter n’a pas survécu au passage du temps, car il ne touchait qu’une faible catégorie de personnes. Celui de Bacchus en revanche, était connu et célébré par tous. Du simple buveur, jusqu’à ceux qui voyaient dans la pratique de ses rites une façon de se prémunir de la mort.
Déméter et Bacchus ont en commun une approche de la féminité reliée aux cycles terrestres de la nature. Déméter est une femme ayant connu la maternité. A ce titre, elle préside à ces rites. Pour Bacchus, l’approche est moins évidente. Il est de genre masculin, mais se travestit parfois, ou provoque le travestissement d’autrui (Ampélos, Penthée, …). Il est la part féminine contenue dans la masculinité. Il est aussi un libérateur du principe féminin dans ses aspects les plus sauvages. Ses ménades ou bacchantes se libèrent de leurs obligations dans la cité, s’enfuient dans des lieux reculés (bois, montagnes, …) afin de s’encourager à la chasse et à l’orgie.
L’éducation de Dionysos s’est fait initialement auprès des nymphes de Nysa, la plus belle de toutes les vallées terrestres. Partout où il enseigna aux hommes l’art de cultiver la vigne et les mystères de son culte il fut reconnu comme un dieu, à l’exception de son propre pays. C’est un dieu des confins, tant par les frontières qu’il parcourt sans pouvoir rentrer chez lui, que par les limites qu’il enseigne. Nous pouvons en dégager le principe que Déméter enseigne aux jeunes filles ce que Bacchus apprends aux garçons.
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