Gaudeamus Igitur, Réjouissons-nous!

Le Musée des Rites Etudiants et du Bizutage

Parallélisme avec Gambrinus

#02 De l’occurrence de Dionysos à travers les rites étudiants

Le chant des étudiants wallons en Belgique déclare ceux-ci disciples de Bacchus et roi Gambrinus, tandis que le serment des étudiants de France débute par ces termes :

« Devant Bacchus, dieu du vin

Gambrinus, Héros du houblon,

François Rabelais, notre illustre prédécesseur

Et les Anciens, ici présents,

Je jure : … »

Nous connaissons tous François Rabelais, médecin et homme de lettres à la truculence mémorable. S’il est à ce point reconnu par la population étudiante, c’est bien en raison de son allégeance aux plaisirs de la table.

Selon le mythe, à Athènes vivaient la belle Erigone et son père Icarios. Voulant un jour leur offrir une récompense, Bacchus leur fait don de pieds de vigne et de la façon de créer le vin. Les ouvriers d’Icarios, s’étant enivrés, tuèrent  leur maître. Erigoné se pendit de désespoir et Bacchus la plaça dans la constellation de la vierge.

Bacchus est bien le dieu des plaisirs, de la vigne et du vin, mais ses cadeaux se révèlent à double tranchant.

Dans ce serment, l’on place donc par trois fois la franche repue et principalement la boisson alcoolisée comme prérequis à toute agrégation.

Nous avons évoqué Bacchus et François Rabelais, il nous reste à découvrir le roi Gambrinus.

Revenons à la broche nommée Bacchus en France et en Belgique. Si l’on observe l’objet, nous constatons la présence d’un monsieur ventru, portant un toast, assis sur un tonneau. Sa vêture est plutôt datée de la Renaissance, et le style évoque plus sûrement le Roi de la bière que la figure olympienne.

Trois insignes : deux formes différentes pour le créateur de la ville de Cambrai, et un autre pour l’amateur de bons vins. Les deux premiers sont des représentations de Gambrinus levant la pinte de bière, et la dernière, une de Bacchus tenant un canthare, la coupe à vin du culte de Dionysos.

C’est que ce Roi de la bière représente Gambrinus. Selon l’écrivain Charles Deulin, celui-ci fut un jeune homme de basse extraction malheureux en amour. Jugeant son cas désespéré, il voulut se pendre. Le diable qui était désœuvré, faisait justement une balade en Flandres, là où l’arbre s’apprêtait à recevoir le cou ce Roméo transi. Le stoppant dans son geste, il fit un marché avec Gambrinus. Il lui offrit l’oubli par la chance au jeu. Heureux au jeu, malheureux en amour dit l’adage, et notre homme reprend sa corde. Mijnheer Beelzébuth s’excusa de cet oubli et lui offrit la vengeance  en lui offrant la façon de faire de la bière, et un carillon ensorcelé  de telle façon qu’on ne puisse s’arrêter de danser lorsqu’on l’entendait. Grâce à la magie, Gambrinus oublia Flandrine, se vengea des habitants de la ville de Fresne-sur-Escaut,  et se préserva même du diable.

Il est intéressant de comparer  cette histoire avec celle de Dionysos, le futur Bacchus romain, car une inversion de rôle s’établit pour une histoire somme toute assez proche.

Si Gambrinus est devenu le roi de la bière, c’est par l’entremise de pieds de houblon, et d’un orgue qui force les gens à danser. Plus ils dansent, plus ils ont soif, plus ils consomment la bière malgré son amertume, plus ils y prennent goût.

Le diable est un bon diable dans ce récit, et montre bien le rapport diabolisé de tout ce qui provient du paganisme par la chrétienté. C’est bien le plaisir de la danse et de la boisson alcoolisée qui se répercute de Bacchus à Gambrinus, et explique pourquoi Gambrinus est toujours nommé Bacchus sur les insignes.

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