Première époque :
« Comment l’artiste Commandant RoSWeLL pénétra au cœur des traditions estudiantines, et pourquoi? »

Choc des cultures
D’année en année, chaque semaine précédant le 20 novembre voyait son arrivage d’étudiants en tablier bariolé. Comme chaque fois, je me faisais rapide et discret pour éviter la «quête». En effet, la tradition veut que les deux premières années, les étudiants demandent des sous à tous les coins de rue, dans les couloirs de métro, aux abords des magasins, afin de se faire offrir la participation aux frais du « cortège de la Saint Verhaegen ».
Vers quinze ou seize ans, je dois pourtant les affronter de face et comme un homme. Je suis attendu chez le dentiste qui se trouve à la clinique César de Paepe, rue des Alexiens.
C’était l’époque bénie où le cortège descendait encore cette rue, faisant le bonheur d’un établissement de boisson placé sur sa route. Mais pour moi, c’était l’enfer! Plusieurs centaines d’étudiants convergeant vers moi souillés de farine, d’œufs, et de bière. Trois mètres parcourus à contre-sens et je me trouvais agrippé par deux gaillards voulant… m’offrir à boire ?
Je me désistais prétextant un rendez-vous, mais ils n’entendaient pas le refus. J’acceptais à contrecœur, refusant énergiquement de boire de l’alcool (je n’aimais pas la bière hormis la Rodenbach, et n’avais jamais rien bu de fort jusque là). Qu’à cela ne tienne, on me dirigea vers le bistrot où l’on m’offrit un Coca-cola. La discussion fut sympathique quoique brève, vu qu’il me restait dix minutes pour arriver à mon rendez-vous. En temps normal, trois minutes auraient pu suffire, mais devant cette foule !
Mes deux compères étaient des étudiants en dentisterie, et prirent à cœur de m’escorter jusqu’au pied de la clinique.
Quand je suis sorti de mon rendez-vous, le cortège était arrivé aux marches de la Bourse, et personne ne s’intéressait plus à moi.
Votre commentaire