Trop souvent, dans le langage courant, sont confondus des termes tels que «week-end d’intégration», «bizuthage», «usinage», «baptême», … C’est que chacune de ces expressions sont voisines.
L’un se situe dans un lieu donné et en un temps donné, tandis que l’autre se déroulera ailleurs en un autre temps. C’est le mot «bizutage» qui sera le plus employé pour amalgamer l’ensemble. L’erreur sémantique provient essentiellement du fait qu’aucune étude de sciences humaines ou sociales sérieuse ne se soit penchée sur ce sujet. On observe une pratique particulière, et on en produit des conclusions que l’on espère, «vœu pieux», fonctionner partout de cette manière. Les faits ne se déroulent bien entendu pas tout à fait comme ils l’entendent, mais sans avoir approché le problème, il leur est malaisé de se rendre compte où le bât blesse.
Car il est certain qu’un air de famille existe entre toutes ces pratiques : propos vexatoires, postures ou accoutrements humiliants, blagues de potaches, ivresse, sport invraisemblable, chansons grivoises à forte teneur machiste, sont des points communs qu’il n’est pas possible de réfuter.

Pour bien assimiler d’où proviennent ces pratiques, il faut se donner la peine, comme dans toute équation, de trouver le plus petit dénominateur commun. En un mot, la plus ancienne pratique connue utilisant les mêmes actions dans le but de produire les mêmes effets – à savoir l’agrégation des nouveaux dans une corporation de métiers.
En cela, nous le voyons, il ne s’agit nullement d’un passage d’un âge inférieur (l’enfance) à un âge supérieur (l’adulte). Il est même plutôt envisageable de convenir que c’est l’ensemble du parcours scolaire qui constitue le dit passage, et que l’examen soit l’acte permettant de s’émanciper.
L’agrégation au sein d’un corps social constitué est tout autre. Le rite ne sera pas produit pour donner une plus-value au nouvel arrivant, mais plutôt à le rendre compatible au fonctionnement de la corporation.

Bizuthage étudiant en médecine, Caen, vers 2013
Le rite y amenant doit être éprouvé de longue date, par des générations de
prédécesseurs. La plupart des recherches font part d’une ressemblance troublante entre ceux-ci et les rituels des cultes à mystères de l’Antiquité. Ce point de vue est mis sous parenthèses par les opposants aux pratiques dites bizutantes en affirmant que les rites remontent à l’Empire Napoléonien, et qu’à l’époque des cultes à mystères, l’université
n’existait pas.
Nous reviendrons plus tard sur ces querelles de clocher, et partons du principe que tous ont partiellement raison.
Commandant RoSWeLL
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